jeudi 21 novembre 2024
Factures illustrées

Factures illustrées – Paris XVIIIe (Seine) – Entreprise générale d’installations électriques (1914)

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Établissement ou raison sociale : Entreprise générale d’installations électriques, E. Winter, directeur (anciennement Daval frères).
Adresse : 4 et 6 rue Francœur, Paris 18e arrondissement (quartier Clignancourt)
Date de la facture : 8 avril 1914

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Vue de l’en-tête de la facture figurant l’établissement :

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L’entreprise : Le Grand Bazar du bâtiment a été fondée par Alfred Daval qui s’était installé à une date indéterminée au 103 de la rue Caulaincourt, dans le quartier Clignancourt en plein essor. Il vendait là, en gros et détail, toutes sortes de matériaux de construction, provenant peut-être de démolitions, un commerce florissant à Paris en raison de la grande activité du bâtiment. Il acquit de grands terrains au carrefour des rues Caulaincourt, Francœur et du Mont-Cenis pour y construire en 1898 un vaste ensemble où il utilisa notamment pour les façades les matériaux provenant du Palais de l’Industrie construit pour l’exposition universelle de 1855 et détruit deux ans auparavant en vue de celle de 1900.

L’histoire de cet ensemble est bien connu, du fait de ses avatars. Au 4 de la rue Francœur était une sorte de maison de maître, très ornée, avec des bureaux au rez-de-chaussée et aux étages de beaux appartements occupés à l’origine par les membres de la famille Daval. Le 6 donnait accès à une vaste usine à la disposition très complexe : son sous-sol était de plain pied avec la rue Marcadet qui passait en contre-bas de la rue Francœur ; sur trois niveaux, reliés par un monte-charge, on trouvait des ateliers de serrurerie, de menuiserie, une scierie mécanique et des bureaux d’études, le tout mû par l’électricité. Le bâtiment principal, de 54 mètres, se terminait sur la rue Cyrano de Bergerac qui bornait la propriété Daval et dont les escaliers menaient (et mènent toujours) à la rue Marcadet (voir les plans ci-dessous). Enfin un rideau de maisons de rapport, plus modestes, fut construit aux 8, 10 et 12 rue Francœur avec retour sur la rue Cyrano, à la fois pour masquer l’usine et rentabiliser le terrain en bordure de voie publique. L’ensemble devait dépasser 8 500 mètres au sol. Notons que Daval possédait aussi le sol du 2 de la rue Francœur où fut élevée la maison que l’on aperçoit tout à la droite du dessin et qui fait l’angle avec la rue du Mont-Cenis.

Le quartier en  1895 (plan 1 ) et le quartier en 1909 (plan 2), avant et après l’opération mi-immobilière mi-industrielle réalisée par Daval (D’après l’Atlas des Travaux de Paris)

Plan 1

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Plan 2

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Le bazar était devenu une usine au catalogue impressionnant mêlant le fer, le bois, le marbre. La vente aux particuliers et aux grossistes se faisait dans les boutiques qui occupaient les rez-de-chaussée des maisons de rapport. D’après notre facture, datée de 1914, l’entreprise s’était spécialisée dans l’équipement électrique, et le nom de Daval figure seulement sur le pignon de l’usine, côté Cyrano, et sur la frise métallique au-dessus de la belle grille du 4. Mauvaises affaires ? La suite figure dans toutes les bonnes histoires du cinéma : les locaux sont vendus à Bernard Natan, créateur de la société Rapid-Film qui fusionne en 1929 avec les établissements Charles Pathé. L’usine Daval fut convertie en studios de cinéma. Aujourd’hui l’école nationale supérieure des métiers de l’image et du son – la Fémis –, installée dans ces lieux, donne en quelque sorte une troisième vie à ce site industriel de plein ville.
La représentation : L’aspect extérieur actuel (2016) diffère peu du dessin de 1914 du moins sur la rue Francœur, où l’occupation des boutiques est naturellement différente, et où la grille du 4 a perdu son allure d’entrée de grande demeure façon 18e siècle. Le changement est plus spectaculaire sur la rue Cyrano où la façade de l’usine a été remaniée avec reconstruction du fronton, probablement dans les années 1930 (pour les besoins des tournages ? ) En voici une représentation d’origine, plus complète que sur notre dessin :

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Ne pourrait-on dire qu’ici l’habitation de façade a protégé l’usine, la sauvant peut-être de la destruction quand les studios ont fermé leurs portes en 1991 ?

Sources : Archives de Paris, D1P4 470, rue Francoeur, cadastre 1876 ; La construction moderne, 26 novembre 1898, pl. 19 et 20, p. 101-102 (ici pl. 2o) ; Pathé, premier empire du cinéma. Exposition, Paris, 26 octobre 1994-6 mars 1995, Centre Georges Pompidou. Paris, 1994, 473 p.

 

 

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