Factures illustrées – Paris XVIe (Seine) – Abadie, papier à cigarettes (1908)
Établissement ou raison sociale : Société anonyme des papiers Abadie
Activité : Fabrication de papier à cigarettes
Adresse : 130 et 132 avenue Malakoff, Paris 16e arrondissement (quartier Chaillot)
Date de la facture : 12 octobre 1908
Vue de l’en-tête de la facture figurant l’établissement de l’avenue Malakoff
Activité industrielle : L’entreprise était spécialisée dans la fabrication de papier à cigarette sans colle. Fondée à Paris par Joseph Abadie, elle vint s’installer en 1866 dans l’Orne, à Thiel-sur-Huisne. Une autre usine, à Masles, préparait la pâte à papier à partir de chiffons, une centrale installée à Avezé, fournissait l’électricité au Theil. Ces trois usines sont représentées sur la facture. En 1884, la société, dirigée alors par Egbert Abadie, fit construire une usine à Paris, destinée aussi à devenir son siège social .
Les bâtiments et leur représentation : Cette usine était située avenue de Malakoff, voie qui relie l’avenue Foch (avenue du Bois alors) à la porte Maillot. Cet emplacement ne doit pas étonner car à l’époque plusieurs établissements industriels étaient installés sur cet axe, dont des carrosseries très connues comme Kelner ou Rheims et Auscher.
La parcelle mesurait 800 mètres carrés, avec 26 mètres de façade sur l’avenue. Cette façade que l’on découvre ici a une allure qui se voulait très classique, avec ses pilastres, ses croisées surmontées de dais en pierre et son attique soulignant les grandes baies centrales. Il y avait là des magasins, la loge et l’appartement du directeur. Se déployait ensuite un grand hall de 26 mètres de long, éclairé par une verrière et où étaient les ateliers. Enfin un dernier bâtiment donnait sur la rue Piccini : c’est là où se faisaient l’entrée et la sortie des marchandises et où était logée la machine à vapeur. Cet espace apparait très organisé et pas un pouce de terrain n’était perdu. On peut remarquer que l’entrée sur l’avenue, percée dans la grande baie de droite, n’existait pas à l’origine. J’ignore pourquoi. Le nombre des ouvriers et employés travaillant là reste inconnu. Une source parle en 1910 de 500 personnes, mais probablement pour les quatre sites.
Le dessin est très fidèle aux descriptions que l’on possède par ailleurs, mais la petitesse des piétons et des voitures figurés sur le boulevard est trompeuse et pourrait faire croire que l’on se trouve en présence d’une construction babylonienne ! De même l’échelle de l’Arc de Triomphe et de la Tour Eiffel est très exagérée, comme pour faire de l’usine une nouvelle merveille de l’ouest parisien.
Aujourd’hui : Il ne reste rien de l’usine parisienne et l’entreprise elle-même a disparu; cependant les bâtiments de Thiel sont aujourd’hui (2016) toujours debout, mais inemployés. Les archives semblent avoir été soit détruites soit dispersées auprès de collectionneurs. « C’était énorme », m’a écrit en 2012 un des principaux vendeurs…
Vue du hall central de l’usine Abadie à Paris ( Le livre d’or des fiançailles et du mariage par Le bibliophile Jean, 1910, p. 225)
Sources : La Semaine des constructeurs, 27 juin 1885 ; article de Yannick Lecherbonnier
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